Le passage Pommeraye :
Le 15 juin 1940 Louis Pommeraye rédige au maire de Nantes une lettre afin de proposer son projet de construction d'un passage qui contribuerait à l'embellissement de la ville de Nantes et transformer un quartier ignoré du centre ville, malsain et mal habité en un quartier attractif et commercial composé de boutiques, galeries, grands escaliers, et couvert dans le but d’inciter le promeneur à flâner près des magasins pour dynamiser la consommation de celui-ci, (à l'époque les trottoirs étant rares, peu larges et en mauvais états, rendaient difficile la promenade dans les rues).
A l'époque la rue de la Fosse (dont l'accès était difficile ce qui justifiait son nom, était une rue boueuse déjà en proie à des problèmes d'affaissements des sols qui a subit un remblayage)forme durant la première moitié du XIXème siècle la base d'un vaste triangle constitué d'immeubles borné par les rues J.J Rousseau et Gébillon et qui s'étend jusqu'à la place Graslin. Le projet de construction du passage est accepté par le maire grâce aux arguments convaincants de Louis Pommeraye, il sera un élément luxueux d'un quartier au passé tumultueux qui mettra de nombreuses années à s'assainir après la construction du passage. Le quartier où est érigé le bâtiment est composé de la rue du Puit d'Argent et celle des trois trompettes toutes deux connues pour leurs maisons de prostitution. En 1851, le Baron Baillarde de Loreinty devient le propriétaire du passage et sollicite de nouveau la municipalité pour obtenir une autorisation afin d'aménager la galerie Régnier par « percé » dans le but de relier le centre du passage à la rue du puit d'Argent afin d'assainir et de vivifier le quartier, de poursuivre l’embellissement de celui-ci et de facilité la communication à la porte principale du passage pour une circulation plus importante d'individus. Louis Pommeraye soutient de nouveau ce projet en devenant le promoteur immobilier de celui-ci en association avec Charles Guilloux . A l'époque les passages parisiens sont en vogue et le phénomène de mode est à son apogée lors de la construction d'une quinzaine de passages couverts entre 1820 et 1830 dans la capitale avant de se ralentir puis de s'éteindre vers les années 1850. A Nantes les architectes veulent rivaliser avec cette mode parisienne et débutent seulement à partir de 1840 l’aménagement du passage c'est à dire déjà dans la période de déclin de cette mode architecturale. Jean-Batiste-Buron est un architecte qui va participer accompagné d'un confrère, Hippolyte Durand-Grasselin à la construction du passage Pommeraye. Cependant les travaux ne débuteront que vers la fin des années 1840 à cause de nombreuses difficultés ralentissant le début des travaux (riverains ne voulant pas quitter leur immeuble qui font des pétitions et des procès contre la société de construction du passage, terrain très boueux et réduits au stricts minimum créant des difficulté techniques pour la construction nécessitant donc l'aménagement d'un étage, divergence d'opinion sur les matériaux à utiliser et sur l'aménagement du bâtiment entre Louis Pommeraye et l'architecte Voyer-Driollet etc...). Les difficultés emmagasinée pour la construction et l’aménagement du bâtiments sont finalement surmontées et malgré les polémiques les architectes obtiendront une autorisation pour l'ouverture des portes de celui-ci au public le 4 juillet 1843 après près de 3 ans de travaux.
Au milieu du XIXème siècle le passage n'est pas tel que nous le connaissons aujourd'hui. En effet il renferme des odeurs agressives en raison de sa vitalité. On y trouve de nombreux commerces alimentaires au sein de la Galerie de la Bourse. Le passage devient dès son ouverture un lieu de flânerie apprécié par les nantais. L'activité commerciale y est si importante qu'elle engendre conflits et concurrence. Quelques années après l'inauguration du passage en 1847 on y trouve des hommes d'affaires, courtiers, agents de changes se hâtent dans le passage. Des commis portent du courrier à la grande poste, et profitent en même temps devant les vitrines de luxe et élégantes... On y retrouve à l'époque également une chocolaterie « Gaillard et Cie » toujours présente en ce lieu, des hôtels, des couteliers, des collectionneurs, de papeteries, bijoutiers, marchands de parapluies, le Grand Bazar etc... Dans le passage on trouve tout ce que l'on souhaite et la bourgeoisie y trouve de la marchandise de grande qualité, c'est un succès total. Des activités y sont même présentes telles que le théâtre ou bien des cafés. Le passage par son importante activité commerciale et économique est appelé «Temple industriel » le passage est la quintessence de la ville dans un flux incessant d'homme et de marchandises. Le développement des magasins sur le boulevards durant le second empire entraine le déclin des passages et il faudra attendre les surréalistes pour les redécouvrir, le passage Pommeraye subit le même sort. Après la mort du baron Jules de Baillardel de Loreinty, (ayant hérité du passage après la mort de son père), la veuve vendra donc le passage aux assurances Générales sur la vie des hommes qui le revendra ensuite durant la crise de 1929 à pas moins d'une cinquantaine de co-propriétaires. En 1943, lors des bombardement de la seconde guerre mondiale le passage n'a par chance pas été touché, mise à part la verrière légèrement endommagée. Le site est protégé depuis le 26 décembre 1976 puisqu'il est classé monument historique de la ville, et est donc restauré et entretenu depuis cette date. Le bâtiment est efficacement préservé des intempéries et de la pollution automobile se trouvant dans de petites rues fréquentées essentiellement par les promeneurs. Le passage Pommeraye après plus d'un siècle de construction a toujours pour objectif d'attirer les flâneurs et permet un bon fonctionnement des commerces contribuant à l'enrichissement de la ville de Nantes sur le point de vu économique et patrimonial.





Entrée du passage Pommeraye, AMAZONAWS.COM
Portrait de Louis Pommeraye, PASSAGEPOMMERAYE.FR
Maison Georges-Larnicol (chocoltier), PASSAGEPOMMERAYE.FR
Passage Pommeraye actuellement, MOMONDO
Passage Pommeraye 19 ème siècle, IDATA.OVER-BLOG.COM