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Traite négrière nantaise :

Voici comment Nantes a connu une période de grande prospérité économique avec de nombreux échanges commerciaux s'étendant sur près de 200 ans (du 17 ème au 19 ème siècle) en exploitant des êtres humains considérés comme étant des animaux. Certains intellectuels et philosophes ont permis la diffusion d'idée pronant l'abolition de l'esclavage qui ne seront prises en compte que vers la fin de la première moitié du 19 ème siècle avec l'abolition de l'esclavage en France en 1848.

LA TRAITE NÉGRIÈRE ATLANTIQUE


 


 

La ville de Nantes est dotée d'un passé sombre en ce qui concerne l'esclavage. Aujourd'hui bien évidement révolu, il à été pendant longtemps l'une des principales activités commerciales de Nantes permettant son enrichissement ainsi que celui de bon nombre de ses habitants.

Premièrement afin de bien comprendre ce qui fut l'esclavage il est important de définir rigoureusement certains termes (définitions tirées du site internet du mémorial de l'esclavage):

  • L’esclavage est un système socio-économique reposant sur l’exploitation d’êtres humains, qui ne fonctionne que sous la contrainte et par la violence.

  • L’esclave est une personne qui n’est pas de condition libre : il appartient à un maître exerçant sur lui un pouvoir absolu. Considéré comme un bien mobilier, comme une marchandise, l’esclave peut être vendu, séparé de sa famille, il est contraint d’effectuer tous les travaux que son maître exige de lui.

  • La traite des esclaves est l’acte qui consiste à réduire des êtres humains en esclavage, à les vendre, à les transporter contre leur gré.

  • La traite négrière est l’enlèvement et le commerce des Noirs d’Afrique, suivi de leur déportation vers des destinations où ces hommes, femmes et enfants sont réduits en esclavage.

Tout d'abord avant de nous intéresser particulièrement au passé de Nantes, étudions avec une vue d'ensemble ce qu'a été la traite négrière en Europe.

LA TRAITE NÉGRIÈRE EN EUROPE


 

Les premières traites négrières Atlantiques débutent au 15ème siècle lorsque les Portugais achètent et exploitent des Africains lors de l’exploration des côtes africaines. Suite à cela, avec la découverte du Nouveau monde par les grandes puissances maritimes ce processus de traite s'accélère fortement. Les grandes puissances colonisent l'Amérique qu'elles s'approprient instantanément. Elles décident d'exploiter ses territoires et ses richesses. Cela nécessite une main d’œuvre très importante en Amérique afin d'approvisionner mines et plantations. Les émigrants européens, trop peu nombreux, et les Indiens, décimés par l’exploitation (travail forcé) et les maladies, ne suffisent à la tâche.

Suite à ce manque de moyens humains se met en place, dès le 16ème siècle, un commerce transatlantique que l’on à appelé « commerce triangulaire ». Des négriers (bateaux destinés à transporter des esclaves) partent d’Europe avec des marchandises manufacturées échangées sur les côtes d’Afrique contre des captifs fournis par certains royaumes et négriers africains. D'innombrables victimes meurent lors de leur capture en Afrique, ou lors de marches vers la côte.

Les navires européens transportent ensuite leurs marchandises humaines à travers l’Atlantique (c'est pour cette raison que ce trafic est appelé traite négrière Atlantique), dans un terrible voyage que certains historiens ont nommé la Grande Déportation. Les conditions de vie à l'intérieur du négrier y sont affreuses, hommes, femmes et enfants sont parqués dans de petits compartiments ou les maladies se prolifèrent et font grand nombre de morts. On estime à plus d'un million et demi le nombre d'esclaves qui périrent lors de traversées entre le milieu du 15ème siècle et la fin du 19ème siècle et que plus de 12 millions et demi de captifs furent déportés d’Afrique vers les Amériques et les îles de l’Atlantique.

Les captifs sont ensuite vendus à des colons (personnes qui ont quitté leur pays pour aller exploiter une terre, faire du commerce, etc., dans une colonie) localisés aux Antilles, au Brésil, en Amérique du Nord, mais aussi à la Réunion ou à l’Ile Maurice dans l’Océan Indien. Réduits en esclavage, ils sont exploités, dans des conditions le plus souvent très difficiles. En moyenne, l’espérance de vie d’un esclave de plantation ne dépasse pas dix ans. Les marchandises produites par les esclaves (sucre, café, cacao, coton, tabac…) sont exportées vers l’Europe pour y être vendus.

Tout cela est appelé esclavage « commercial ». L'esclave devient une force de production créant des richesses à ceux qui les exploitent.

On estime en moyenne de 15% et 20% les bénéfices des expéditions de traite. Celle-ci participe pleinement à l'essor économique des ports et aux pays qui pratiquent le commerce d'êtres humains.


 

La plupart des pays européens ont participé à la traite atlantique et à l’esclavage colonial que ce soit par le financement d’expéditions (comme la Suisse), par l’organisation d’expéditions négrières ou en produisant des marchandises destinées au commerce sur les côtes africaines et à l’achat de captifs ou au fonctionnement des plantations. Rares sont les pays européens n'ayant pas du tout pris part à la traite négrière.


 

Les pays ayant été les plus actifs dans l’organisation d’expéditions négrières :

LA TRAITE NÉGRIÈRE À NANTES :


 

Malgré le fait que la France se soit intéressée tardivement au commerce humain comparé à d'autres puissances européennes comme le Portugal et la Grande Bretagne, Nantes c'est tout de même fait remarquer des autres villes négrières par la densité de son trafic, ce qui la fait devenir rapidement l'un des principaux ports d'Europe avec Liverpool, Londres et Amsterdam. En effet au 16ème siècle quand Nantes arme pour la première fois ses navires négriers, elle à déjà un siècle et demi de retard sur le Portugal. De plus Nantes à également abandonné la traite plus tôt, vers 1830, bien avant certains autres ports comme Le Havre (1847), l’esclavage perdure à Cuba jusqu’en 1886 et au Brésil jusqu’en 1888. Nantes ne doit donc pas sa primauté à la durée de sa participation, mais à la densité de son trafic lui même du à une bonne situation géographique (ouvert sur l’océan) mais surtout aux conditions économiques, culturelles ou bien politiques de l’époque. En effet Nantes est à l'origine de 43% des expéditions négrières françaises, ce qui représente environs 5 à 6% de la traite Atlantique européenne.


 

Au 18ème siècle un partie non négligeable du commerce maritime Nantais (10 à 33%) correspond à des armements négriers. Une autre part étant destinée à l'économie de plantations esclavagistes.

À l'époque la plupart des habitants et des intellectuels pensaient que les colonies, les captifs et la traite étaient indispensables à l'enrichissement de la ville.

À la fin de la traite on compte à plus 550 000 captifs noirs transportés par les navires Nantais vers les colonies, tout cela pendant 1714 expéditions (bien plus que les autres ports de France).

On sait également que du milieu du 17ème au milieu du 19ème siècle, une grande partie des 4220 expéditions négrières françaises sont menées par des armateurs Nantais (1714 expéditions soit beaucoup plus que le port du Havre, autre port principal de France, qui en compte 451)


 


 

LE LONG COMBAT DES ABOLITIONS


 

L'esclavage effectué depuis la plus haute Antiquité dans tous les continents mettra du temps avant d'être critiqué en tant qu'atteinte à l'être humain. Pourtant dès les débuts de la traite Atlantique, quelques religieux, des philosophes des lumières (Encyclopédie 1772) et même des économistes jugeant l’esclavage contreproductif, firent part de leur revendication face à la traite. Mais en raison de leur faible nombre ils ne furent pas écoutés.

Même au début de la Révolution, la question de l'arrêt de la traite et de l’esclavage n'est toujours pas évoquée. La chronologie de l’abolition de la traite et de l’esclavage s’étale sur plus d’un demi-siècle de la Révolution française à la Seconde République. Cette longue durée témoigne des fortes résistances auxquelles le mouvement abolitionnisme a été confronté (eux-mêmes nés au 18ème siècle en France)

Les grands commerciaux de Nantes ainsi que les armateurs luttent longuement pour la poursuite du trafic négrier. Selon eux l'économie, le commerce et l'enrichissement du port de Nantes en sont dépendants. Cela se traduit par des déclarations dans le cahier de doléances de Nantes (1789) ou les négociants Nantais demandent le maintien de la traite des Noirs. Toujours dans un même but, les députés du commerce Nantais vont aller jusqu'à envoyer à la Convention, en 1794, (qui vient d'abolir l'esclavage en raison des rebellions d'esclaves aux Antilles, à Saint-Domingue) une délégation pour exprimer leur mécontentement et leur opposition. Jusqu'au 18ème siècle Nantes ne fait donc pas figure de ville abolitionniste. Cette abolition fut de courte durée car en 1802 l’esclavage est rétabli par Napoléon. De plus de 1814 à 1831 Nantes poursuit illégalement et intensément ses expéditions. En effet pendant ce laps de temps 318 navires partent de la ville pour la traite, elle retrouve donc sa place de premier port négrier français, assurant 70% des expéditions négrières françaises malgré les pressions grandissantes du gouvernement français et l'interdiction de la traite. Il faut attendre Victor Schœlcher (sous-secrétaire d’Etat aux Colonies) et la Seconde République pour que l’esclavage soit enfin définitivement aboli en France et dans ses colonies le 27 avril 1848.

NANTES ET LES SIGNES DE SON PASSÉ NÉGRIER AUJOURD'HUI DANS LA VILLE


 

À Nantes l'un des lieux primordiales témoignant du passé Négrier est le Mémorial de l’abolition de l’esclavage. Ouvrant ses portes au public en 2011 et situé symboliquement au bord de la Loire, sur le quai de la Fosse, ce mémorial à pour but de rendre hommage aux victimes de la traite négrière. C’est à l’artiste Krzysztof Wodiczko et à l’architecte Julian Bonder que la ville doit ce vaste espace aux allures de coque de bateau renversée. Conçu pour être un espace méditatif au sein duquel le visiteur se promène tout en se recueillant, le Mémorial est un site dépouillé de tout artifice décoratif. Le béton nu et le bois encadrent de larges plaques de verre sous lesquelles apparaissent des messages célébrant la liberté et le respect de la dignité humaine.

Souhaitant mettre Nantes face à son passé funeste, la ville a également choisi d’ériger le Mémorial pour sensibiliser les nouvelles générations à l’esclavagisme moderne.

De plus, situées en partie au dessus du Mémorial, entre la passerelle Victor Schœlcher et le pont Anne de Bretagne, ce trouve 2000 plaques disséminées au sol rappelant les quelques 1800 expéditions négrières nantaises ainsi que les noms des comptoirs négriers d’Afrique, des ports d’escale et de vente des Antilles françaises fréquentés par les navires nantais.


 

Pour accompagner le mémorial, le musée d’histoire de Nantes, situé au Château des ducs de Bretagne nous en apprend plus sur ce qu'a été la traite. Autrefois habité par le reine de France Anne de Bretagne, celui-ci à été rénové par la ville pour devenir un centres historiques contemporains dans le but de donner les clefs pour comprendre le passé négrier de Nantes. Il est d'ailleurs reconnu au niveau international comme site de de référence. Ce musée de l'histoire de Nantes compte plus d'une trentaine de salles, qui aident les visiteurs à répondre à différentes interrogations, comme par exemple qui étaient les armateurs et négociants à l’origine de ce commerce, comment se déroulaient la vente des esclaves et leur vie dans les plantations ou bien quel rôle Nantes a joué dans l’Europe négrière...

Entre ces deux lieux emblématiques, se trouve un parcours dans les rues de Nantes jalonné par onze panneaux informatifs sur la traite. Situé dans des lieux eux-mêmes symboliques de la ville (quai de la fosse, île Feydeau) les différents panneaux témoignent du fonctionnement de la traite négrière, son développement à Nantes ainsi que l'impact que cela a eu sur la ville que ce soit sur le plan économique, commercial ou urbain.

D'autre part, en 1922, Nantes réalise la première exposition temporaire en France consacrée à la traite des Noirs et à l'esclavage. Elle est appelée « Les Anneaux de la Mémoire » et connaît un vif succès. Cette exposition est disponible pendant plus d'un an sur l'île de Nantes et permet au public de comprendre ce qu'était la traite des Noirs ainsi que le rôle qu'a eu Nantes dans tout ce trafic.


 

Pour finir nous pouvons également trouver sur l'île Feydeau, l'hôtel Grou, lui aussi témoignant de ce passé qui hante Nantes. En effet cet hôtel du XVIIIè siècle est l'exemple même du passé tumultueux de Nantes dans l'esclavagisme. Son propriétaire Guillaume Grou était l'un des principaux armateurs négriers de la ville, celui-ci s'est donc comme beaucoup d'autres hommes de sa profession fortement enrichie grâce au commerce humain.

Un mascaron qui orne la façade ouest de l'Hôtel Grou,Nantes, ESCLAVAGE-MEMOIRE.COM

Facade de l'hôtel Grou, ESCLAVAGE-MEMOIRE.COM

Marchand d'esclaves commerce triangulaire, WIKIPEDIA

Transport d'esclaves sur des navires négriers,  SUTORI.COM

Traite négrière, commerce triangulaire,CENTERBLOG.NET

Conditions de vie des esclaves lors de leur transport, ATELIERJEANJORES.ONLINE.FR

Esclaves destinés à la vente, TWITTER

Mémorial abolition de l'esclavage, VILLE DE NANTES

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Nous sommes trois jeunes en première au Lycée du Pays de Retz à Pornic...

 

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